Ayant capturé dans les deux cas des poissons de grande taille avec ce type de matériel, je peux assurer que suite à cette expérience très riche, la tresse de 80 livres de puissance et ma canne raide comme un piquet ont été abandonné pour faire place à un matériel léger et plus nerveux, en lequel j’ai une entière confiance, suite aux nombreux combats que j’ai pu vivre.


Du matériel très léger et d’une puissance acceptable


La canne
Le matériel actuel a beaucoup évolué ces dernières années et les blancks de canne au manier dans certains modèles sont pratiquement indestructibles, à condition toutefois de bien les utiliser en action de pêche. Depuis pas mal d’années déjà, j’utilise la canne Diaflash 270 H de Shimano pour le sandre, et je pense avoir trouvé là un modèle parfait pour combattre les silures au poisson mort manié ou aux leurres car elle est suffisamment puissante et nerveuse à la fois. A plusieurs reprises, je me suis retrouvé en contact avec des poissons frisant les deux mètres, et au terme d’un combat acharné j’ai pu constater la robustesse de cette canne qui présente une courbure parfaite grâce à de nombreux anneaux très bien répartis.

         



La tresse
Dans le passé, j’utilisais de la tresse de 40 centièmes pour la pêche au lancer en bateau, et de la tresse de 30 centièmes pour la pêche aux leurres du bord. Les poissons capturés, dans les deux cas, n’avaient aucune chance : le temps de contact était très court, moins de 10 minutes dans certains cas avec des silures avoisinant les 1,60 m. Pour la plupart des pêcheurs, la capture du silure était un jeu, il fallait aller le plus vite possible. Les prises étaient courantes, certaines journées un bon pêcheur pouvait rassembler jusqu’à 20 poissons. Pourtant, en France, les silures sont devenus de plus en plus méfiants et rares, et il est juste, pour apprécier les meilleurs moments de combat, de pêcher plus fin, avec un matériel très tactile. La tresse Stren super braid de Berkley est une tresse très solide et raide. Elle peut être utilisée sans problème en diamètre de 18 centièmes en eau calme, et en 20 centièmes en eau courante pour la pêche en bateau. Pour la pêche du bord, la tresse Power-tresse est excellente, elle est beaucoup plus souple et reste toutefois très solide dans des diamètres équivalents. Un 20 centièmes peut être utilisé. Sa robustesse est suffisante pour brider un gros silure qui frotte la cassure du bord en essayant de la couper sur les pierres.

Le moulinet
Le moulinet Shimano Symètre 4000 est très robuste. Plusieurs roulements à bille très solides permettent d’apprécier la douceur de ce modèle. Le seul risque encouru en utilisant cette version pour le silure est de plier l’axe central en bridant trop fort sur un gros poisson, ou d’abîmer les dents de l’engrenage. Il est alors impératif de savoir très bien régler le frein afin d’éviter de détériorer le moulinet pendant un combat prolongé.

Des techniques de recherche captivantes
La pêche au poisson mort manié reste selon moi une technique captivante et très productive pour capturer les silures, lorsque ceux-ci ne sont pas regroupés sur des zones bien définies. Les grosses ablettes de fond constituent les meilleurs appâts. Elles présentent de nombreux avantages : - leur forme allongée permet un bon maniement face à de gros spécimens - leur brillance exceptionnelle en eau claire est un appelant redoutable pour le silure - les particules olfactives qu’elles diffusent dans l’eau lorsqu’elles sont fraîches attirent les prédateurs de très loin, lorsqu’ils sont en chasse.
Lorsque les postes sont nombreux, la pêche au manier a l’avantage de vous faire prospecter un maximum de ces zones en un minimum de temps. Cette pêche itinérante est souvent plus efficace qu’une pêche statique pour déclencher les poissons se tenant à l’ombre, sous les bordures.

Utilisez des montages légers
En pêchant avec des montures légèrement plombées, vous pouvez pratiquer une pêche très tactile. Le poids de l’ablette et son inertie sur la monture sont équilibrés par une chevrotine de 10 à 15 gr. selon la force du vent. Ce montage est idéal pour jouer sur l’effet de surprise et l’aspect naturel de l’appât. L’ablette est envoyée contre la bordure sur le poste présumé en émettant un certain bruit. Cet effet peut être amplifié, comme dans la pêche du brochet, en freinant le fil avec l’index dès que l’appât touche l’eau. Cette particularité a pour effet de mettre en éveil les silures au repos sous la bordure. Ils sont attirés vers la source de bruit qui signifie pour eux la présence de nourriture. Préparez-vous pick-up fermé à la touche, qui survient souvent dans les premières secondes de la descente de l’appât.. Une monture trop lourde, mal lestée, descendra beaucoup trop vite sur le poste. Il faut trouver le bon équilibre pour le lest, et ne pas hésiter à changer le grammage du plomb en cours de partie de pêche en fonction des conditions météos.

Des vibrations parasites néfastes pour le silure
On a pu remarquer que la chute d’un appât attirait le silure, car la fréquence du son émis correspond à celle d’un bruit qu’il connaît bien, et qui est très vite détecté sur sa ligne latérale. Tous les sons provoqués par un matériel défectueux seront parasites : une tresse bruyante dans un anneau de tête, une tresse trop grosse vibrant dans le courant, un moulinet mal graissé, ou une monture mal équilibrée tournoyant dans l’eau. Les silures captent tous ces sons qui peuvent ainsi nuire à la réussite de votre pêche. Il faut dans tous les cas que le premier et l’unique son soit toujours celui de l’appât, car nos silures sont maintenant presque « éduqués ». A force de les capturer et de les remettre à l’eau, ils sont devenus au fil du temps aussi rusés que les carpes. Dorénavant, capturer un gros spécimen relève peut-être de la chance, mais plus probablement de l’ingéniosité du pêcheur.

         



Des combats hors du commun
En opérant avec du matériel léger, vous allez vous mettre dans une position où vous n’aurez pas le droit à l’erreur lors d’un combat avec un gros spécimen. Le réglage du frein va conditionner toute la bonne conduite des opérations. Il est nécessaire de pêcher avec l’anti-retour bloqué pour être efficace sur un ferrage. Pour régler très correctement votre frein, attachez solidement avant d’aller sur l’eau votre fil après une branche d’arbre à 1mètre de hauteur et positionnez-vous à environ 10 mètres de celle-ci. Exercez une traction lente et continue sur votre canne, en desserrant légèrement votre frein avec l’autre main. Ces deux opérations doivent être simultanées, et en aucun cas votre canne ne doit se plier à son maximum sans avoir fait chanter votre frein. Répétez l’opération en vérifiant à chaque fois la courbure du blanck. La pointe doit être à angle droit par rapport au talon. Cette pliure correspond au maximum accepté par la puissance de votre canne. Aller plus loin serait pour vous un risque de destruction du blanck. Ce réglage est primordial et va vous permettre d’apprécier à leur juste valeur toutes les qualités de nerf de votre canne.


Combattre un silure : comment le stopper ?


En bateau
Ferrer un gros silure n’est pas une mince affaire, surtout si celui-ci évolue dans une couche d’eau profonde. L’opération la plus délicate consiste à décoller le poisson du fond pour le travailler entre deux eaux. C’est à ce moment qu’il va dépenser le plus d’énergie. De très grosses bulles d’air sont lâchées vers la surface, le silure vide sa vessie natatoire pour se plaquer sur le fond. Il agit un peu tel un sous-marin qui vide ses ballasts pour plonger. Vous devez être énergique à cet instant en « pompant » le silure dès qu’il cesse de prendre du fil. Ne commettez jamais l’erreur de le pomper lorsqu’il est en pleine puissance et qu’il part vers le large car ce serait une casse inévitable.

Du bord
Vous disposez du bord de beaucoup plus d’espace pour travailler le silure. Dès les premiers instants de pêche sur un poste, cernez tous les obstacles et préméditez une fuite éventuelle du poison en imaginant une riposte de votre part. La première nécessité lors d’une grosse capture est d’amener le poisson près d’une bordure peu profonde dépourvue d’obstacles. N’hésitez pas à vous déplacer le long de la berge avec votre poisson jusqu’à trouver la bordure idéale. Le moment critique du combat est souvent le passage de la marche de la bordure, car le poisson risque de couper votre fil dans les pierres. Soyez vigilant en l’amenant, la canne la plus haute possible, pour décoller votre tresse du fond. Par rapport à une pêche en bateau, le poisson va arriver à l’horizontale car il dispose d’une hauteur d’eau réduite. Echouez-le enfin, c’est la manière la plus facile pour attraper votre poisson qui va s’assagir dès qu’il se sentira sur la berge.

Les erreurs à ne pas commettre durant un combat prolongé
Nous commettons malheureusement tous des erreurs face à des poissons qui nous surprennent quelquefois par des réactions inattendues. Vous vous apprêtez par exemple à saisir la mandibule inférieure du silure, et celui-ci vous attaque la main en la mordillant. Vous lâchez prise, et c’est alors que le poisson replonge en donnant un effroyable coup de queue sur le fil : c’est la casse. Pour éviter ce désagrément, sachez désamorcer l’agressivité du silure en lui donnant une petite tape sur le nez avant de le saisir. Elle aura pour effet de le distraire le temps de l’attraper calmement. Bon nombre de spécialistes agissent ainsi, surtout avec les poissons de taille moyenne plus agressifs que les gros. Une autre erreur est fréquemment commise par de nombreux pratiquants lorsqu’ils amènent le silure au bateau, la canne positionnée à 90° par rapport à la surface de l’eau. Lorsque le poisson est très près, tout son poids agit directement dans la pointe de la canne. Au premier démarrage, le nerf de la canne n’agit pas et c’est la casse irrémédiable. Fermez tout d’abord l’angle de votre canne pour qu’une plus grande partie de celle-ci travaille sur une courte distance. Lorsque le poisson est à portée de main, laissez-le plusieurs secondes immobile, puis desserrez légèrement votre frein pour qu’il fonctionne et laisse partir le silure bien avant que la pointe n’explose en cas de démarrage.

         




Une mentalité nouvelle


Les poissons capturés ont enfin leur chance et le jeu est beaucoup plus captivant pour le pêcheur qui ne doit toutefois commettre aucune erreur. Les poissons ne sont plus considérés comme des proies faciles et deviennent des adversaires sérieux qu’il faut savoir mériter. Le respect et la considération deviennent les deux maîtres mots du pêcheur. Le silure, autrefois très critiqué pour son aspect antipathique et sa tendance à avaler goulûment tous les autres carnassiers, notamment les sandres, redevient maintenant un compagnon plutôt sympathique qu’il est agréable de combattre sur une ligne très fine, car désormais sa pêche est un challenge.

Photographier puis relâcher votre adversaire dans les meilleures conditions
La nouvelle génération de pêcheurs agit ainsi pour la carpe, où le poisson est considéré comme un trophée lorsqu’il repart vivant dans son élément et en très bon état après la séance photo. Il en va de même pour le silure, et également pour le black-bass ou certains gros brochets. La manipulation des gros spécimens reste toutefois très difficile pour les novices qui ne connaissent pas les points faibles de ce poisson. Il est indispensable de bien connaître certaines particularités du poisson, et notamment le rôle du mucus : Le mucus est une couche protectrice qui recouvre le corps du silure. Il imperméabilise sa peau et le protège contre des attaques extérieures comme celles par exemple des bactéries. En tenant le poisson serré contre vos habits secs, vous enlevez sans le savoir cette couche protectrice pendant la séance photo et mettez la vie du poisson en péril. Pour faire de très belles photos, vous pouvez poser délicatement le poisson à terre en évitant de la traîner sur le sol, ou vous pouvez encore faire vos photos dans l’eau, ce qui semble la meilleure condition pour le silure.

         


Si vous souhaitez à tout prix le tenir contre vous, faites-vous aider pour que le poisson ne tombe pas de sa hauteur à terre, ce serait très douloureux. Saisissez-le par ses nageoires pectorales pour le soulever au plus haut, et ne restez pas trop longtemps dans cette position car tout son poids est suspendu, soyez bref. La présentation verticale provoque des lésions irréversibles pour l'animal, toutes ses viscères descendent vers le bas. A éviter hors de l’eau ! Pour le relâcher, sachez que les gros spécimens sont très lents à réanimer, il faut quelquefois 30 minutes pour que le poisson reprenne ses esprits après les photos. Prenez-le par la mandibule inférieure et positionnez-le face au courant en le reculant tout doucement par des mouvements de va et vient. Vous faites ainsi battre ses opercules et vous oxygénez ses branchies. Au bout d’un certain temps, la queue du silure va se remettre en mouvement. Ne lâchez pas le poisson, il doit partir de lui-même. Vous devez sentir un mouvement nerveux de sa part, relâchez alors la pression de votre main. Si par hasard le poisson se retourne et reste sur le dos, récupérez-le avec douceur et renouvelez l’opération, il en va de sa survie …


><))))))°> Pas de vidéo à titre exceptionnel. L'équipe SMX.